PARACHA KEDOCHIM |קדושים

La paracha Kedochim commence par cette injonction : « Soyez saints, car Je suis saint, Moi, l’Eternel votre D.ieu. » A sa suite sont énoncées de nombreuses mitsvot (commandements) par l’accomplissement desquelles le Juif se sanctifie et établit un lien avec la sainteté de D.ieu .

Ces mitsvot incluent la prohibition de l’idolâtrie, la mistva de tsédaka (charité), le principe de l’égalité de tous devant la justice, le Chabbat, la moralité sexuelle, l’honnêteté en affaires, l’honneur et la crainte des parents, le caractère sacré de la vie.

C’est aussi dans la paracha Kedochim qu’est exprimé le principe que Rabbi Akiva qualifie de cardinal et dont Hillel dit « c’est là toute la Torah, le reste en est le commentaire » : aime ton prochain comme toi-même.

Honorer les parents כִּי אִישׁ אִישׁ אֲשֶׁר יְקַלֵּל אֶת אָבִיו וְאֶת אִמּוֹ מוֹת יוּמָת וגו’: (ויקרא כ:ט) [D.ieu ordonna à Moïse de dire au peuple juif :] « Toute personne qui maudira son père ou sa mère devra être [jugée et] mise à mort [par le tribunal]. » Lévitique 20,9

REFLEXIONS SUR LA PARACHA

La paracha Kédochim du sefer Vayikra (Lévitique) 19:1 à 20:27 et la spécificité du peuple juif

Le mot « kadoch » (קדוש) est très souvent cité dans la liturgie juive. Il signifie : « saint », « sacré », « séparé » ou « spécial ». Tel qu’il est employé, le mot « kadoch » exprime la volonté d’être différent. Mais, différent de qui et de quoi ?

Une phrase du Chéma Israël est significative : « Ecoute Israël, l’Eternel est notre Dieu, l’Eternel est un. »

L’Eternel serait ainsi un référent unique et particulier, vers lequel nous pourrions toujours nous tourner et qui serait indéfiniment prêt à nous écouter en tant qu’enfants d’Israël.

Les deux premiers versets de la paracha vont dans le sens de la spécificité de Dieu et du peuple d’Israël qu’il a interpellé distinctement parmi les autres peuples.

Vayikra 19:1 à 19:2. L’Éternel s’adressa à Moïse en ces termes: « Parle à toute l’assemblée des enfants d’Israël et dis-leur: vous devrez vous montrer saints [spéciaux], car je suis saint [spécial], moi l’Éternel, votre Dieu. »

La communauté des enfants d’Israël doit être une, spécifique, unique comme l’est l’Eternel.

Cependant, les Juifs, héritiers des enfants d’Israël, ne recherchent en aucune façon le repli sur eux-mêmes. Ils ont besoin, comme tout le monde, de se sentir appartenir à la grande famille de l’humanité. Ils partagent le défi de l’identité humaine de vouloir concilier liberté et destin commun.

Pourtant, notre tradition insiste sur le fait d’être « séparés ». C’est peut-être une manière de montrer l’importance de la diversité de l’identité humaine. Pour cette raison nous répétons à chaque bénédiction : « Tu es une source de bénédiction, Éternel, notre Dieu, roi du monde, qui nous a rendus spéciaux par tes commandements. »

En fait, nous nous voulons différents et sommes fiers d’être différents, comme tout peuple est fier de ses particularités et comme tout être humain, dans toutes les dimensions de son identité, est heureux de ce qu’il est.

Soulignons que la notion de particularité du peuple d’Israël est reprise dans un autre verset de la paracha :

Vayikra 20:26. « Et vous devrez vous montrer saints pour moi, car je suis saint, moi l’Éternel, et je vous ai séparés des autres peuples pour que vous deveniez miens. »

Nous tenons à marquer notre différence en ayant une vision singulière de la différence.

Nous nous voulons différents sans, pour autant, nous croire supérieurs. Nous sommes différents parce que nous obéissons à des commandements. Nous sommes spéciaux parce que nous réfléchissons toujours avant d’agir, parce que nous nous interrogeons toujours sur nos actes et nos habitudes, prêts à les remettre en question, comme l’ont fait avant nous les fondateurs du Judaïsme.

Au moment de l’annonce des Dix Commandements, l’Eternel a proclamé ce qui suit :

Chémot (Exode) 20:4 à 20:5. « Tu ne te prosterneras pas devant elles, tu ne les adoreras pas; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu qui réclame un attachement exclusif, qui poursuit la faute des pères sur les enfants jusqu’à la troisième génération, et jusqu’à la quatrième génération pour ceux qui m’offensent…Mais qui étend ma bienveillance à la millième génération pour ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements. »

Jusqu’à « la millième génération » nous serons détenteurs d’un héritage spirituel qui nous vient de nos pères. Nous devons nous en montrer dignes par notre comportement et nos actes. Il est important pour nous-mêmes, aujourd’hui, de bien comprendre pourquoi nous sommes spéciaux et pour quelles raisons nos pères ont été choisis (élus) par Dieu.

N’oublions pas que nous devons transmettre cet héritage spirituel et notre spécificité au grand nombre de générations qui succéderont à la notre.

Terminons en citant l’économiste Jacques Attali (1943 – ) qui a précisé une de nos singularités : 

« Il [le Judaïsme] se caractérise par l’idée de progrès : le Judaïsme a apporté à la destiné humaine l’idée du temps non cyclique : nous ne sommes pas là pour subir le monde, pour le reproduire à l’identique, mais pour le transformer, le recréer. »